Blood Sugar Sex Magik (1991)
Les titres de l'album :
1. "The Power of Equality" - 4:03
2. "If You Have to Ask" - 3:37
3. "Breaking the Girl" - 4:55
4. "Funky Monks" - 5:23
5. "Suck My Kiss" - 3:37
6. "I Could Have Lied" - 4:04
7. "Mellowship Slinky in B Major" - 4:00
8. "The Righteous & The Wicked" - 4:08
9. "Give It Away" - 4:43
10. "Blood Sugar Sex Magik" - 4:31
11. "Under the Bridge" - 4:24
12. "Naked in the Rain" - 4:26
13. "Apache Rose Peacock" - 4:42
14. "The Greeting Song" - 3:14
15. "My Lovely Man" - 4:39
16. "Sir Psycho Sexy" - 8:17
17. "They're Red Hot" - 1:12
B-Sides Majeurs : "Soul To Squeeze" et "Sikamikanico"
Producteur : Rick Rubin
Date de sortie : 23 septembre 1991
Label : Warner
Line-up : Anthony Kiedis, Michael Balzary, John Frusciante, Chad Smith
Notes :
- Toutes les chansons sont écrites par Anthony Kiedis, Michael "Flea" Balzary, John Frusciante et Chad Smith, hormis la chanson "They're Red Hot" reprise d'une chanson écrite par Robert Johnson.
- A été enregistré dans une villa des montagnes d'Hollywood en mai-juin où les Red Hot Chili Peppers ont vécu en vase clos, sans quasiment aucun contact avec l'extérieur, se concentrant uniquement sur la musique.
- C'est le premier album qui a été fait avec le line-up du précédent
Mon analyse :
Les Red Hot Chili Peppers entrent dans cette villa sous la houlette de Rick Rubin, le fameux producteur, qui avait été présenti pour The Uplift Mofo Party Plan, mais qui avait refusé la collaboration car il trouvait le climat malsain. Ce qu'il ne savent pas, c'est que de cette longue session sortira un des album les plus marquant de cette décennie.
Anthony Kiedis nous livre un de ces plus beau flow sur "The Power of Equality", ouverture tonitruante de ce quatrième album. Place au funk pepperien avec "If you Have To Ask" qui nous amène une première observation : John Frusciante se démarque enfin d'Hillel Slovak.
Et quelles surprises quand le lecteur de CD passe sur la troisième plage : une ballade et Anthony Kiedis chante ! "Breaking The Girl" est un véritable bijou et à différents égards : une magnifique partie de guitare sèche de John Frusciante, la voix de Kiedis que l'on découvre enfin, et une partie de percussion géniale et collégiale (Chad Smith a été aidé par Flea et Anthony Kiedis).
C'est les oreilles pleines de la mélodie de "Breaking The Girl" que l'on prend "Funky Monks" en pleine face; sa ligne de basse est tout simplement entêtante, l'une des meilleures de Flea le flamboyant.
A l'intro de "Suck My Kiss", impossible de retenir un mouvement de l'avant vers l'arrière de sa tête. Le titre qui devait s'appeler "Suck My Dick" est une explosion sexuelle, une incantation orgiaque soutenue par les démons du groove qui semblent s'être emparé du groupe. L'auditeur excité se voit calmé par une deuxième ballade, Anthony Kiedis n'a jamais semblé aussi apaisé, le tempo est très lent, bref c'est très reposant. Seraient-ils sensibles ?
Passés les très bon "Mellowship Slinky in B Major" et "The Righteous & The Wicked", on arrive sur comment dire, une bombe-H survitaminée guidée par les 4 cordes de la basse de Flea et le phrasé de Kiedis. "One, Two, One, Two, Three,Four" voilà "Give it Away". Tu te rends compte trop tard que t'es en train de sautiller en essayant de suivre les paroles. La guitare et la batterie sont emmenées par une ligne de basse diabolique. Bref c'est de l'or en barre.
Le titre générique qui lui succède permet à John Frusciante de nous livrer un riff méchamment funky, et ça y est tu es en train de reprendre le refrain qui t'es entré dans le cerveau "Blood sugar baby, She's magik, Sex magik, sex magik". C'est trop tard l'effet "Blood Sugar Sex Magik" t'as atteint.
Et nous voilà au titre phare des Chilis. Au revoir la sexualité débordante, la virilité machiste, la grosse basse et la guitare qui tache, bonjour sensiblité, belle mélodie apte à plaire aux ménagère. "Under The Brigde" est LA ballade du quatuor californien. Anthony Kiedis nous amène sous le pont où il achetait sa came à un gang de mexicains, et nous explique les sentiments qu'ils ressentait à cette époque. La partie instrumentale est très mélodique, très douce, en accord avec la voix syrupeuse et posée du chanteur. Les choeurs mené par la mère de Frusciante sont tout simplement beaux.
Et après ça, on se retrouve avec "Naked In The Rain". On imagine sans peine Flea en train de sauter partout, sa ligne de basse étant sautillante. Les trois titres qui suivent sont bons, mais sans communes mesures avec ce que nous livrent les Peppers avec "Sir Psycho Sexy". La toute puissance sexuelle mène les quatres amis d'un bout à l'autre. Définitivement osé, blasphématoire, Sir Psycho Sexy s'envoie Eve dans le jardin d'Eden, avec le diable dans sa bite et des démons dans son sperme dans le premier refrain, puis il se fait sucer par une policière à l'entrejambe mouillée et très chaude qu'il défonce sur le capot de la voiture de police et finalement il guide une fille à base de coup de fouet avant de lui montrer son arbre et de lui faire gouter sa crême. La symbiose entre la guitare et la basse et plus généralement entre les quatre Peppers font de ce titre une jouissance ultime.
Pour la route, ils dézinguent un standard du jazz et l'assaisonent à la sauce pimentée. Une fois "They're Red Hot" terminé, on est sur les fesses, sous le charme, la tête pleine de belles mélodies et on remet en marche le lecteur, histoire de s'assurer que ce que l'on vient d'entendre existe vraiment.
Les Red Hot Chili Peppers ont leur chef d'oeuvre : Anthony Kiedis chante enfin, John Frusciante y joue une guitare émotionnelle et spontanée, Flea donne toutes ses lettres de noblesses à la basse, Chad Smith paraphe le tout en distillant ses coups de baguettes, habilement guidés dans cette quête de l'idéale funky par Rick Rubin. Ce disque est parsemé de bijoux, cohérent, sexuel d'un bout à l'autre, funk-rock à souhait et apporte une note de sensibilité inattendue mais néanmoins excellente.
Ca y est les Red Hot sont devenus incontournables, les maitres incontestés et incontestables de la fusion, cet album et les singles issue se vendent comme des petits pains partout dans le monde. Même "Soul To Squeeze", une ballade enregistrée pendant les mêmes sessions d'enregistrement, mais non retenue, se vend aussi très bien. Aussi ils s'imposent dans une période où tout le monde regardait vers Seattle le pessimisme en bandoulière, apportant un peu de spontanéité, de naïveté, de mélodie entre les guitares frustres et saturées du mouvement grunge. Blood Sugar Sex Magik dégoupille la bombe contruite depuis leur début, y réunissant ce qu'ils savent faire de mieux, mais aussi en ajoutant une touche plus sensible.
Bref si vous ne connaissez pas Blood Sugar Sex Magik, courez chez votre disquaire, et écoutez. Un remède à toute baisse de moral.
Ma note : 10/10
A voir aussi, "Funky Monks" le making of de ce chef d'oeuvre (un article prochainement)